HERVÉ, La Tour de l'hôtel de ville depuis les ISAI
Lucien HERVÉ (1910-2007)
La Tour de l'hôtel de ville depuis les ISAI
1956
photographie argentique – tirage papier
38 x 39 cm
© MuMa Le Havre / Lucien Hervé
La Tour de l'hôtel de ville depuis les ISAI
1956
photographie argentique – tirage papier
38 x 39 cm
© MuMa Le Havre / Lucien Hervé
Né en Hongrie, László Elkán (1910-2007) s'installe à Paris en 1929. Photographe, il entre dans la Résistance sous le nom de Lucien Hervé. Sa rencontre avec Le Corbusier en 1949 décide du reste de sa carrière. Photographe attitré de l'architecte, il travaille à partir des années 1950 avec de nombreux autres artistes (Alvar Aalto, Pier Luigi Nervi, Marcel Breuer, Oscar Niemeyer...). Il parcourt alors le monde pour remplir diverses missions (Chandigarh en 1955 et 1961, Brasilia en 1961...).
En 1956, la Délégation générale du tourisme, soucieuse de promouvoir l'image de ville moderne du Havre reconstruit par Auguste Perret, commande à Lucien Hervé une série de photographies. Connu comme « photographe spécialisé dans l'architecture », il doit « fournir des images destinées à illustrer divers documents distribués sur les transatlantiques ». En quelques jours, en juillet 1956, Lucien Hervé fait quelque quatre cents clichés. Deux ans après la mort de Perret (1954), la reconstruction du Havre n'est pas encore achevée, mais le photographe, pourtant fervent admirateur de l'œuvre de Le Corbusier – lequel a eu de nombreux différends avec Perret –, sait exalter la modernité et l'urbanisme de cette architecture classique.
Il arpente la ville en tous sens. La vue en contreplongée (du bas vers le haut), préférée à la vue frontale, lui permet de rompre avec la régularité d'un espace urbain tout entier fondé sur le rythme des verticales et des horizontales. Hervé joue des éléments saillants (arêtes vives des balcons, ressauts des surfaces) et de puissants effets de contrejour pour structurer rigoureusement son image. Une fois les contacts développés, il n'hésite pas à repenser son cadrage en les découpant aux ciseaux, cherchant au millimètre près la composition idéale pour le tirage définitif.
Si Hervé donne la première représentation moderne de cette ville reconstruite, pour autant sa commande est refusée. De toute évidence, l'image qu'il propose du Havre ne peut encore être acceptée par ceux qui, ayant tout perdu, gardent profondément en eux la douleur et le regret de ce qui fut détruit en deux jours de bombardement, les 5 et 6 septembre 1944. Seules quelques images sont utilisées pour illustrer un dépliant édité par l'office de tourisme, le reste des contacts et des négatifs demeurant inexploité. On perd jusqu'au souvenir de cette campagne photographique lorsqu'en 2002, à l'occasion d'une grande exposition consacrée à Auguste Perret au musée Malraux et à la Cité de l'architecture à Paris, on redécouvre, près de cinquante ans plus tard, l'ensemble des contacts (plus de quatre cents) aux archives et à l'office de tourisme de la ville. Lucien Hervé accompagne cette redécouverte et autorise le tirage de trente-trois photographies du Havre. Tous sont faits sous son rigoureux contrôle, une nouvelle occasion pour lui de revoir le cadrage de ses images.
En 1956, la Délégation générale du tourisme, soucieuse de promouvoir l'image de ville moderne du Havre reconstruit par Auguste Perret, commande à Lucien Hervé une série de photographies. Connu comme « photographe spécialisé dans l'architecture », il doit « fournir des images destinées à illustrer divers documents distribués sur les transatlantiques ». En quelques jours, en juillet 1956, Lucien Hervé fait quelque quatre cents clichés. Deux ans après la mort de Perret (1954), la reconstruction du Havre n'est pas encore achevée, mais le photographe, pourtant fervent admirateur de l'œuvre de Le Corbusier – lequel a eu de nombreux différends avec Perret –, sait exalter la modernité et l'urbanisme de cette architecture classique.
Il arpente la ville en tous sens. La vue en contreplongée (du bas vers le haut), préférée à la vue frontale, lui permet de rompre avec la régularité d'un espace urbain tout entier fondé sur le rythme des verticales et des horizontales. Hervé joue des éléments saillants (arêtes vives des balcons, ressauts des surfaces) et de puissants effets de contrejour pour structurer rigoureusement son image. Une fois les contacts développés, il n'hésite pas à repenser son cadrage en les découpant aux ciseaux, cherchant au millimètre près la composition idéale pour le tirage définitif.
Si Hervé donne la première représentation moderne de cette ville reconstruite, pour autant sa commande est refusée. De toute évidence, l'image qu'il propose du Havre ne peut encore être acceptée par ceux qui, ayant tout perdu, gardent profondément en eux la douleur et le regret de ce qui fut détruit en deux jours de bombardement, les 5 et 6 septembre 1944. Seules quelques images sont utilisées pour illustrer un dépliant édité par l'office de tourisme, le reste des contacts et des négatifs demeurant inexploité. On perd jusqu'au souvenir de cette campagne photographique lorsqu'en 2002, à l'occasion d'une grande exposition consacrée à Auguste Perret au musée Malraux et à la Cité de l'architecture à Paris, on redécouvre, près de cinquante ans plus tard, l'ensemble des contacts (plus de quatre cents) aux archives et à l'office de tourisme de la ville. Lucien Hervé accompagne cette redécouverte et autorise le tirage de trente-trois photographies du Havre. Tous sont faits sous son rigoureux contrôle, une nouvelle occasion pour lui de revoir le cadrage de ses images.
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