Dufy, Le Clocher de l’église d’Harfleur
Grâce à la générosité des fils de Mr et Mme Dominique Guian, le MuMa voit ses collections s’enrichir d’une nouvelle œuvre de Raoul Dufy, venant apporter au fonds déjà fort de 129 numéros, un éclairage passionnant sur les débuts de l’artiste.
Raoul DUFY (1877-1953), Le Clocher de l’église d’Harfleur, vers 1901-1903, huile sur toile, 80 x 68 cm, signé et dédicacé en bas à droite : Raoul Dufy / à Léon Lesieutre. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, don d’Emmanuel, Antoine et Jean-Marie Guian en hommage à leurs parents Dominique et Marie-José, 2020. © MuMa Le Havre / Charles Maslard / ADAGP, Paris 2021
Dominique et Marie-José Guian furent des collectionneurs discrets, attachés à la ville du Havre et à son musée, qu’ils aidèrent à titre personnel en apportant leur soutien financier, en 2014, à l’exposition Nicolas de Staël. Lumières du Nord, lumières du Sud. Ils avaient fait l’acquisition de la toile de Dufy, Le Clocher de l’église d’Harfleur lors d’une vente publique au Havre en 2006. Celle-ci rejoint donc aujourd’hui le fonds dont la veuve de l’artiste, Emilienne Dufy, avait permis la création, grâce à son legs consenti en 1963.
La collection Dufy s’est progressivement enrichie au cours des années, de dons, d’acquisitions et elle est à cette heure, la deuxième plus importante collection au niveau international après le Musée national d’art moderne-Centre Georges Pompidou.
Dufy lui-même avait contribué à jeter les bases de ce fonds destiné à s’accroître, en donnant, en 1900, quatre aquarelles dont l’une intitulée Harfleur, présente une grande similitude avec Le Clocher de l’église d’Harfleur. A cette date, le jeune peintre fait ses premiers pas sur la scène artistique, exposant d’abord au Havre (Société des Amis des Arts, 1899) avant de se présenter au Salon des artistes français à Paris en 1901.
Formé à l’école municipale des beaux-arts, sous la direction de Charles Lhullier, Dufy commence sa carrière sous l’influence de l’impressionnisme, cherchant des solutions formelles qui lui permettent de restituer de manière illusionniste le caractère vibratoire de la lumière solaire. Mais au même moment, il expérimente avec des sujets à caractère social ou des scènes d’intérieur, une peinture plus sombre et réaliste d’une facture plus épaisse (Fin de journée au Havre, 1901, MuMa). Très vite cependant, Dufy ressent le besoin d’aller dans une autre direction et la rencontre, en 1905, avec l’œuvre de Matisse agit comme un révélateur, le libérant du « réalisme impressionniste » et lui faisant entrevoir « une nouvelle mécanique picturale », le fauvisme. Entre 1900 et 1905, Dufy cherche, expérimente. Ce sont des années marquées par des rencontres importantes et une grande activité où l’artiste s’invente.
Le Clocher de l’église d’Harfleur témoigne à bien des égards de cette verve créative. Le choix du sujet le rattache encore à la tradition romantique et à son intérêt pour le patrimoine médiéval et son goût pour le pittoresque. Ce point de vue sur l’église gothique de la petite cité normande est privilégié par de nombreux artistes (Turner le premier) pour le jeu de reflets qu’il autorise dans les eaux de la Lézarde qui traverse Harfleur avant de se jeter dans la Seine. Cet effet de miroitement et de dédoublement du paysage le rattache quant à lui à l’impressionnisme qui fit ses délices de ces effets particuliers des paysages aquatiques. Mais la vivacité des couleurs utilisées annonce déjà les recherches ultérieures qui mèneront Dufy, vers 1905-1906, à rejoindre les artistes fauves.
En 1901, Dufy expose un Clocher d’Harfleur à la galerie de M. Beuzebosc au Havre. La critique qui paraît dans la presse locale (La Cloche illustrée) permet d’émettre l’hypothèse qu’il s’agit de notre tableau, ce qui le daterait donc de cette première année du XXe siècle. L’artiste exécute une autre version de ce tableau avec un cadrage plus resserré et dans un format plus modeste (coll.part.). On est enclin à reconnaître plutôt dans la toile présentée chez Beuzebosc notre tableau, à cause de sa taille plus grande (un format qu’on privilégiait dans une salle d’exposition pour faire plus d’effet!) et parce que la description qui en est faite correspond mieux. Si cette hypothèse se vérifiait, Clocher de l’église d’Harfleur viendrait rebattre les cartes de ce que l’on pensait du parcours artistique de Dufy, en positionnant de manière plus précoce ses recherches sur la lumière et la couleur.
La collection Dufy s’est progressivement enrichie au cours des années, de dons, d’acquisitions et elle est à cette heure, la deuxième plus importante collection au niveau international après le Musée national d’art moderne-Centre Georges Pompidou.
Dufy lui-même avait contribué à jeter les bases de ce fonds destiné à s’accroître, en donnant, en 1900, quatre aquarelles dont l’une intitulée Harfleur, présente une grande similitude avec Le Clocher de l’église d’Harfleur. A cette date, le jeune peintre fait ses premiers pas sur la scène artistique, exposant d’abord au Havre (Société des Amis des Arts, 1899) avant de se présenter au Salon des artistes français à Paris en 1901.
Formé à l’école municipale des beaux-arts, sous la direction de Charles Lhullier, Dufy commence sa carrière sous l’influence de l’impressionnisme, cherchant des solutions formelles qui lui permettent de restituer de manière illusionniste le caractère vibratoire de la lumière solaire. Mais au même moment, il expérimente avec des sujets à caractère social ou des scènes d’intérieur, une peinture plus sombre et réaliste d’une facture plus épaisse (Fin de journée au Havre, 1901, MuMa). Très vite cependant, Dufy ressent le besoin d’aller dans une autre direction et la rencontre, en 1905, avec l’œuvre de Matisse agit comme un révélateur, le libérant du « réalisme impressionniste » et lui faisant entrevoir « une nouvelle mécanique picturale », le fauvisme. Entre 1900 et 1905, Dufy cherche, expérimente. Ce sont des années marquées par des rencontres importantes et une grande activité où l’artiste s’invente.
Le Clocher de l’église d’Harfleur témoigne à bien des égards de cette verve créative. Le choix du sujet le rattache encore à la tradition romantique et à son intérêt pour le patrimoine médiéval et son goût pour le pittoresque. Ce point de vue sur l’église gothique de la petite cité normande est privilégié par de nombreux artistes (Turner le premier) pour le jeu de reflets qu’il autorise dans les eaux de la Lézarde qui traverse Harfleur avant de se jeter dans la Seine. Cet effet de miroitement et de dédoublement du paysage le rattache quant à lui à l’impressionnisme qui fit ses délices de ces effets particuliers des paysages aquatiques. Mais la vivacité des couleurs utilisées annonce déjà les recherches ultérieures qui mèneront Dufy, vers 1905-1906, à rejoindre les artistes fauves.
En 1901, Dufy expose un Clocher d’Harfleur à la galerie de M. Beuzebosc au Havre. La critique qui paraît dans la presse locale (La Cloche illustrée) permet d’émettre l’hypothèse qu’il s’agit de notre tableau, ce qui le daterait donc de cette première année du XXe siècle. L’artiste exécute une autre version de ce tableau avec un cadrage plus resserré et dans un format plus modeste (coll.part.). On est enclin à reconnaître plutôt dans la toile présentée chez Beuzebosc notre tableau, à cause de sa taille plus grande (un format qu’on privilégiait dans une salle d’exposition pour faire plus d’effet!) et parce que la description qui en est faite correspond mieux. Si cette hypothèse se vérifiait, Clocher de l’église d’Harfleur viendrait rebattre les cartes de ce que l’on pensait du parcours artistique de Dufy, en positionnant de manière plus précoce ses recherches sur la lumière et la couleur.
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Publications
Raoul Dufy au Havre
Catalogue d’exposition
MuMa musée d’art moderne André Malraux, Le Havre, 18 mai - 03 novembre 2019
Auteurs : sous la direction de Sophie Krebs et Annette Haudiquet et par ordre du catalogue, textes d'Annette Haudiquet, Sophie Krebs, Clémence Poivet-Ducroix, Michaël Debris, Nadia Chalbi
Édition : Mare et Martin / MuMa Le Havre, 240 pages, 29 €
ISBN : 9791092054521
Catalogue d’exposition
MuMa musée d’art moderne André Malraux, Le Havre, 18 mai - 03 novembre 2019
Auteurs : sous la direction de Sophie Krebs et Annette Haudiquet et par ordre du catalogue, textes d'Annette Haudiquet, Sophie Krebs, Clémence Poivet-Ducroix, Michaël Debris, Nadia Chalbi
Édition : Mare et Martin / MuMa Le Havre, 240 pages, 29 €
ISBN : 9791092054521