Prunier, Dessins
Le peintre et aquarelliste Gaston Prunier (1863-1927) a vécu pratiquement toute sa carrière dans le même atelier, perché tout en haut d’un petit immeuble d’une tranquille rue du 15e arrondissement de Paris. A son décès, son épouse Claire y est restée, puis, quand elle s’est trouvée trop âgée pour y vivre seule, l’appartement a accueilli une de ses petites-nièces, qui y réside encore. C’est pourquoi, l’on y trouve toujours, sous la traditionnelle verrière des ateliers d’artiste parisiens, quelques meubles et le chevalet du peintre, ainsi que dans des malles et des cartons, une grande partie de l’œuvre dessiné de ce paysagiste, passionné par la beauté des espaces naturels autant que par la puissance des scènes de rue et des perspectives urbaines.
C’est dans ce trésor coloré, soigneusement conservé en d’impressionnantes piles de papier que le MuMa a choisi dix dessins havrais de Gaston Prunier pour sa collection.
C’est dans ce trésor coloré, soigneusement conservé en d’impressionnantes piles de papier que le MuMa a choisi dix dessins havrais de Gaston Prunier pour sa collection.
- Gaston PRUNIER (1863-1927), Triage du charbon dans les hangars, 1899, crayon noir et aquarelle sur papier, 32.5 x 50 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, achat de la ville, 2019. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
- Gaston PRUNIER (1863-1927), Débardeurs, 1899, crayon noir et aquarelle sur papier, 60 x 50 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, achat de la ville, 2019. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
- Gaston PRUNIER (1863-1927), La Fin de journée, 1899, crayon noir et aquarelle sur papier, 32,5 x 50 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, achat de la ville, 2019. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
- Gaston PRUNIER (1863-1927), Le Déchargement d'un charbonnier, vers 1899, crayon noir et aquarelle sur papier, 32,5 x 50 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, achat de la ville, 2019. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
- Gaston PRUNIER (1863-1927), Charbon sur le quai, vers 1899, crayon noir et aquarelle sur papier, 32,5 x 49,5 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, achat de la ville, 2019. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
- Gaston PRUNIER (1863-1927), Les Docks au coton, Le Havre, 1899, crayon noir et aquarelle sur papier, 32,5 x 49,5 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, achat de la ville, 2019. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
- Gaston PRUNIER (1863-1927), Usine près du Havre, vers 1899, crayon noir et aquarelle sur papier, 32,5 x 50,5 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, achat de la ville, 2019. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
- Gaston PRUNIER (1863-1927), Bassin au Havre, vers 1899, crayon noir et aquarelle sur papier, 32,5 x 50,5 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, achat de la ville, 2019. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
- Gaston PRUNIER (1863-1927), Le Paquebot La Champagne en cale de radoub, vers 1899, crayon noir et aquarelle sur papier, 50 x 65 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, achat de la ville, 2019. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
- Gaston PRUNIER (1863-1927), Les Treuils à main sur un chaland, vers 1899, crayon noir et aquarelle sur papier, 32,5 x 50,5 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, achat de la ville, 2019. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Gaston Prunier est né au Havre en 1863 dans une famille modeste. Il y a connu le malheur de perdre ses parents très jeune mais, recueilli par des parents proches il y poursuit sa scolarité et il y prend ses premiers cours de dessins à l’école municipale des beaux-arts auprès de Charles Lhullier, comme quelques années après lui Raoul Dufy et Othon Friesz.
Muni d’une petite bourse de la Ville, il se rend à Paris en 1887 pour y tenter le concours de l’école des beaux-arts. Il y échoue mais a trouvé de quoi se former encore auprès d’Alexandre Cabanel et de Raphaël Collin.
Après quelques années difficiles où il travaille dans la décoration et l’assurance pour subvenir à ses besoins, il s’exile en 1894 dans les Pyrénées pour y honorer une commande de décors d’église. Il en revient, marié, pour s’installer définitivement à Paris en 1898, dans cet atelier qui devient son logis et son lieu de travail. Artiste reconnu parmi les suiveurs de l’impressionnisme et des proches des symbolistes, il se forge en quelques années, grâce à sa présence régulière dans les salons de province et de Paris (il est membre de la société nationale des beaux-arts) ainsi que dans quelques galeries ayant pignon sur rue, une belle renommée de paysagiste et surtout de fin observateur des spectacles de la rue contemporaine. En effet, artiste arpenteur il aime marcher dans les zones urbaines (Londres, Paris, la banlieue, sa ville natale…) pour regarder et transcrire la ville comme paysage et les hommes au travail.
La série des dessins sélectionnés par le MuMa date de ce tout début de carrière de Gaston Prunier autour de 1899. Dédiés à la représentation du travail industriel et portuaire du Havre, ils sont exemplaires de l’acuité du regard de l’artiste sur les lieux urbains modestes. Ils décrivent en effet des espaces dédiés aux travaux considérées alors comme les plus vils de l’activité maritime (la manutention, le transport du charbon, l’entretien des navires en cales sèches…). Transcrits par l’œil empathique de l’aquarelliste, les lieux perdus du port et le prolétariat au travail deviennent motifs. En en faisant, grâce à son expérience de paysagiste, des sujets plastiques dans des dessins fortement composés, Gaston Prunier porte la lumière, héroïse presque, ceux qui, dans leurs tâches modestes, font le sous-bassement de toute la réussite de la ville-port, tout en dénonçant les difficultés et la rudesse de leur labeur.
Cette série d’œuvres graphiques fortes résonne tout particulièrement avec le tableau emblématique du début de la carrière de Raoul Dufy, Fin de Journée en Havre, entré il y a quelques années dans les collections du musée. Peint exactement à la même période, en 1901, à une époque où la ville et le port du Havre sont régulièrement bouleversés par d’importants mouvements de grèves, il représente aussi le quai Colbert, réservé aux activités charbonnières. Issues des mêmes influences picturales et dans une même veine inspirée de préoccupations sociales, les œuvres des deux jeunes peintres havrais au tournant du XXe siècle se découvrent alors particulièrement proches.
Muni d’une petite bourse de la Ville, il se rend à Paris en 1887 pour y tenter le concours de l’école des beaux-arts. Il y échoue mais a trouvé de quoi se former encore auprès d’Alexandre Cabanel et de Raphaël Collin.
Après quelques années difficiles où il travaille dans la décoration et l’assurance pour subvenir à ses besoins, il s’exile en 1894 dans les Pyrénées pour y honorer une commande de décors d’église. Il en revient, marié, pour s’installer définitivement à Paris en 1898, dans cet atelier qui devient son logis et son lieu de travail. Artiste reconnu parmi les suiveurs de l’impressionnisme et des proches des symbolistes, il se forge en quelques années, grâce à sa présence régulière dans les salons de province et de Paris (il est membre de la société nationale des beaux-arts) ainsi que dans quelques galeries ayant pignon sur rue, une belle renommée de paysagiste et surtout de fin observateur des spectacles de la rue contemporaine. En effet, artiste arpenteur il aime marcher dans les zones urbaines (Londres, Paris, la banlieue, sa ville natale…) pour regarder et transcrire la ville comme paysage et les hommes au travail.
La série des dessins sélectionnés par le MuMa date de ce tout début de carrière de Gaston Prunier autour de 1899. Dédiés à la représentation du travail industriel et portuaire du Havre, ils sont exemplaires de l’acuité du regard de l’artiste sur les lieux urbains modestes. Ils décrivent en effet des espaces dédiés aux travaux considérées alors comme les plus vils de l’activité maritime (la manutention, le transport du charbon, l’entretien des navires en cales sèches…). Transcrits par l’œil empathique de l’aquarelliste, les lieux perdus du port et le prolétariat au travail deviennent motifs. En en faisant, grâce à son expérience de paysagiste, des sujets plastiques dans des dessins fortement composés, Gaston Prunier porte la lumière, héroïse presque, ceux qui, dans leurs tâches modestes, font le sous-bassement de toute la réussite de la ville-port, tout en dénonçant les difficultés et la rudesse de leur labeur.
Cette série d’œuvres graphiques fortes résonne tout particulièrement avec le tableau emblématique du début de la carrière de Raoul Dufy, Fin de Journée en Havre, entré il y a quelques années dans les collections du musée. Peint exactement à la même période, en 1901, à une époque où la ville et le port du Havre sont régulièrement bouleversés par d’importants mouvements de grèves, il représente aussi le quai Colbert, réservé aux activités charbonnières. Issues des mêmes influences picturales et dans une même veine inspirée de préoccupations sociales, les œuvres des deux jeunes peintres havrais au tournant du XXe siècle se découvrent alors particulièrement proches.
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