Les images du temps : Estampes de la collection Mancel, musée des Beaux-Arts de Caen

du 20 novembre 1999 au 31 janvier 2000

En 1845, Bernard Mancel, libraire à Caen, fit l'acquisition à Rome de la collection de gravures du Cardinal Fesch, oncle de Napoléon Ier. Forte de 50.000 estampes, celle-ci est l'un des fonds les plus prestigieux du Musée des Beaux-Arts de Caen.
À toutes les époques, l'homme a cherché à représenter le temps : par des allégories, Saturne, Chronos, qui relient sa vie aux mythes de la création du monde, ou en symbolisant la réflexion qui le confronte à sa propre mort, comme dans les Vanités du XVIIe siècle.
Le temps, c'est aussi le cycle des saisons, des mois, des heures du jour. Les travaux des champs, les divertissements nobles ou paysans, les jeux d'enfants, les moments de la toilette d'une belle dame, l'architecture, rien de ce qui fait la vie quotidienne de l'Europe des XVI, XVII, XVIIIe siècles n'est étranger à la représentation du temps,
Enfin, le temps est le déroulement linéaire du récit qui se fait presque reportage pour raconter la visite officielle de Louis XV au Havre en 1749.
Les images du temps : Estampes de la collection Mancel, musée des Beaux-Arts de Caen
PREFACE DU CATALOGUE DE L'EXPOSITION

La collection Mancel du musée des beaux-arts de Caen

"En 1872, le libraire caennais Bernard Mancel léguait à la Ville de Caen sa collection artistique. Celle-ci comprenait peintures, sculptures, dessins, objets d'art, estampes. Elle fut pour une partie détruite ou dispersée dans les bombardements de 1944 ; la collection d'estampes est restée intacte, dotant le musée des Beaux-arts de Caen d'une des collections parmi les plus importantes de France et riche de 50000 numéros.
Bernard Mancel l'avaient achetée déjà constituée à Rome en 1845 à la vente après décès du Cardinal Fesch qui l'avait rassemblée. Du XVIe au XIXe siècle, la collection Mancel présente un panorama de la gravure européenne à travers ses techniques les plus variées, bois, burin, eau-forte, manière noire.
L'exposition Les Images du temps présente un ensemble de 106 estampes provenant toutes de la collection Mancel. Cette exposition répond au prêt exceptionnel consenti au musée des beaux-arts de Caen en 1997-1998 par le musée Malraux pendant sa fermeture pour travaux.
 
Pierre-Paul RUBENS (1577-1640), Vieille femme tenant une chandelle (épreuve retrouchée par Paul Pontius ou par Lucas Vorsterman), eau-forte et burin, 24,6 x 20 cm. Caen, musée des beaux-arts. © Droits réservés
Pierre-Paul RUBENS (1577-1640), Vieille femme tenant une chandelle (épreuve retrouchée par Paul Pontius ou par Lucas Vorsterman), eau-forte et burin, 24,6 x 20 cm. Caen, musée des beaux-arts. © Droits réservés
Jusqu'au XIXe siècle, l'estampe apparaît comme l'un des vecteurs principaux de la transmission de l'image avant d'être remplacé par la photographie. Liée à l'introduction du papier en Europe au XIVe siècle, l'estampe se développe parallèlement au livre imprimé. Les techniques de l'estampe comme celle de l'imprimerie permettent de multiplier l'image et le texte. Ces innovations prennent toute leur importance dans le monde des Grandes Découvertes où l'une des missions principales de la Chrétienté est l'évangélisation en masse de nouvelles populations. Le XVIe siècle est marqué par la lutte entre l'Eglise catholique et la Réforme. Lors du Concile de Trente (1545-1563), l'église catholique affirme la nécessité d'utiliser l'image comme un moyen de divulgation de la Foi. L'art des XVIIe et XVIIIe siècles en sera profondément marqué.
Si l'estampe sur bois se développe dans un contexte populaire, est largement utilisée par les ordres prêcheurs, la gravure sur métal, apparue au milieu du XVe siècle au sein des ateliers d'orfèvrerie s'adresse à une clientèle bourgeoise riche. Elle s'éloigne immédiatement du contexte artisanal et rentre en correspondance avec la peinture. Dürer, Mantegna, Raphael, Titien, Rubens gravent ou font graver leurs œuvres. Dans le contexte des ateliers ou dans les académies naissantes, l'estampe aura un rôle primordial dans la transmission des modèles pour les artistes, qu'il s'agisse de montrer les compositions des Maîtres ou de proposer des recueils d'emblèmes, d'allégories dont l'artiste s'inspirera dans ses oeuvres.
 
Pieter VAN DER HEYDEN (1530-1572), Les Quatre Saisons, d'après Pieter Brugel I dit l'Ancien (ca. 1525/1530-1569), 1570, burin, 22,5 x 28,5 cm. Caen, musée des beaux-arts. © Droits réservés
Pieter VAN DER HEYDEN (1530-1572), Les Quatre Saisons, d'après Pieter Brugel I dit l'Ancien (ca. 1525/1530-1569), 1570, burin, 22,5 x 28,5 cm. Caen, musée des beaux-arts. © Droits réservés
L'exposition rassemble uniquement des gravures sur cuivre. Deux techniques dominent : le burin où la plaque de cuivre est creusée directement par l'outil et l'eau-forte, apparue en 1513, technique plus libre, où le dessin à la pointe est attaquée à l'eau forte (acide nitrique). Les deux techniques peuvent se combiner sur la même plaque."

Commissariat :
Caroline Joubert, Musée des Beaux-Arts de Caen
Françoise Cohen, Musée Malraux
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