LANSKOY, Description d'un monde intérieur
André LANSKOY (1902-1976)
Description d'un monde intérieur
1950
huile sur toile
29,7 x 63 cm
Le Havre, musée d'art moderne André Malraux, achat de la Ville, 1953
© 2011 MuMa Le Havre / Charles Maslard © ADAGP, Paris 2020
Description d'un monde intérieur
1950
huile sur toile
29,7 x 63 cm
Le Havre, musée d'art moderne André Malraux, achat de la Ville, 1953
© 2011 MuMa Le Havre / Charles Maslard © ADAGP, Paris 2020
« Ce n’est pas ce qui entre dans l’œil du peintre qui enrichit le tableau, mais ce qui sort de son pinceau. Tout le mystère et tout le réel de la peinture résident dans le coup du pinceau et dans la prolongation du coup de pinceau. »
– André LANSKOY
André Lanskoy est né à Moscou en 1902. Il s’initie à la peinture en 1918 dans l’atelier de l’artiste russe Sergei Soudeikine. Il réalise à cette période ses premières œuvres sur papier, aujourd’hui disparues. En 1921 il s’installe à Paris avec sa famille et, en autodidacte, commence à peindre dans une veine figurative très colorée. Il rencontre les artistes russes installés à Paris et se rapproche de Chaïm Soutine. En 1923, il réalise sa première exposition de groupe à la galerie La Licorne. Les œuvres qu’il peint, à ses débuts, sont essentiellement des portraits figuratifs et des scènes d’intérieur. L’année suivante, en 1924, il participe au Salon d’Automne où il est remarqué par Wilhem Uhde, qui organise en 1925 à la Galerie Bing sa première exposition personnelle. Il rencontre par ailleurs le collectionneur d’art Roger Dutilleul qui s’intéresse à cette époque à la peinture d’avant-garde et qui acquiert régulièrement, jusqu’en 1929, des œuvres de Lanskoy.
C’est dans les années 1938-1940 que la peinture de Lanskoy s’éloigne progressivement de la représentation figurative. Son œuvre évolue alors vers l’abstraction. Il utilise d’abord la gouache pour parvenir à cette nouvelle forme d’art. Ses peintures se détachent sur un fond noir auquel il a souvent recours. En 1944, son œuvre plonge totalement du côté de l’abstraction lyrique. La même année, l’artiste décroche un contrat avec le galeriste Louis Carré qui expose pour la premières fois ses œuvres abstraites en 1948[1].
Au début des années 1960, l’artiste « maîtrise totalement son expression abstraite[2]. » Couleur et matière sont au cœur de ses œuvres. Les couleurs, vives, répondent aux formes géométriques. Il juxtapose les couches de couleurs créant des effets de matière et d’empâtements. L’artiste parvient à créer, à sa manière, son propre « monde intérieur. » Il s’intéresse aussi à d’autres techniques et s’initie aux arts décoratifs. Il produit des tapisseries et des mosaïques, des collages mais illustre également des livres comme par exemple Le Journal d’un fou de Nikolai Gogol. Mais son talent se mesure également dans les grandes décorations qu’il a réalisées dans le cadre du 1% pour la faculté des sciences de Rennes. S’ensuivent de nombreuses expositions personnelles qui le révèlent en France et à l’étranger.
Alors que les débats entre figuration et abstraction animent la scène artistique d'après-guerre, au début des années 1950 l’art abstrait triomphe et occupe une place grandissante sur les cimaises des musées, dont le musée national d’art moderne. La collection, encore sans murs, destinée au musée du Havre s’accroît parallèlement et témoigne des préoccupations du conservateur d’accorder une large place aux artistes vivants. En 1953, Reynold Arnould achète une toile d’André Lanskoy : Description d’un monde intérieur. L’œuvre est achetée par l’intermédiaire de la galerie Louis Carré qui présentait son travail de peintre à la fin de l’année 1952 dans l’exposition Peintures 1925-1952[3]. Ce tableau fait partie de l’accrochage de l’exposition De Corot à nos jours au musée du Havre. Il est exposé sur une cimaise entre Feuilles et fruits sur fond orange de Léon Gischia et Les Deux femmes sur fond bleu de Fernand Léger. Bernard Dorival écrit ainsi dans la préface du catalogue :
« La base est constituée sur laquelle le conservateur et la ville pourront édifier le Musée futur. Celui de l’art vivant d’aujourd’hui et de demain. Et déjà plusieurs pierres en sont à pied d’œuvre, ouvrages de Villon, de Léger, de Lanskoy, de Pignon, de Manessier, de Gischia… Ce sont là autant de témoins et de gages d’une volonté, qui, j’en suis sûr, dans l’avenir se confirmera : ville moderne, ville active, Le Havre se doit d’aller, même en art, de l’avant[4]. »
Enfin Description d’un monde intérieur est exposé à l’occasion de la présentation des collections permanentes lors de l’inauguration du Musée-maison de la Culture du Havre, le 24 juin 1961[5].
[1] Après 1945, la galerie Louis Carré devient rapidement la galerie parisienne qui promeut, avec la galerie de France, la peinture abstraite de la Seconde école de Paris. En 1949 Louis Carré ouvre une autre galerie à New-York et organise, en 1950, l’exposition Advancing French Art qui réunit Bazaine, Estève, Hartung, Lanskoy, Lapicque et Staël.
Voir le catalogue d’exposition Lanskoy, un peintre Russe à Paris, exposition, Lille Métropole, Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut, 24 septembre 2011-15 janvier 2012.
[2] Catalogue de l’exposition Lanskoy à l’Espace arts plastiques, centre culturel de Villefranche-sur-Saône, p. 5.
[3] Catalogue d’exposition André Lanskoy peintures de 1944 à 1961, présentée à la galerie Louis Carré du 16 mai au 13 juillet 1990.
[4] Catalogue d’exposition De Corot à nos jours au musée du Havre, décembre 1953 – janvier 1954, introduction de Bernard Dorival, conservateur au Musée Nationale d’Art Moderne, introduction, p. 9.
[5] ARNOULD Reynold, Catalogue des œuvres appartenant aux collections de la Ville du Havre présentées à l’occasion de l’inauguration du Musée-Maison de la Culture 24 juin 1961, Le Havre, ancienne imprimerie Etaix.
– André LANSKOY
André Lanskoy est né à Moscou en 1902. Il s’initie à la peinture en 1918 dans l’atelier de l’artiste russe Sergei Soudeikine. Il réalise à cette période ses premières œuvres sur papier, aujourd’hui disparues. En 1921 il s’installe à Paris avec sa famille et, en autodidacte, commence à peindre dans une veine figurative très colorée. Il rencontre les artistes russes installés à Paris et se rapproche de Chaïm Soutine. En 1923, il réalise sa première exposition de groupe à la galerie La Licorne. Les œuvres qu’il peint, à ses débuts, sont essentiellement des portraits figuratifs et des scènes d’intérieur. L’année suivante, en 1924, il participe au Salon d’Automne où il est remarqué par Wilhem Uhde, qui organise en 1925 à la Galerie Bing sa première exposition personnelle. Il rencontre par ailleurs le collectionneur d’art Roger Dutilleul qui s’intéresse à cette époque à la peinture d’avant-garde et qui acquiert régulièrement, jusqu’en 1929, des œuvres de Lanskoy.
C’est dans les années 1938-1940 que la peinture de Lanskoy s’éloigne progressivement de la représentation figurative. Son œuvre évolue alors vers l’abstraction. Il utilise d’abord la gouache pour parvenir à cette nouvelle forme d’art. Ses peintures se détachent sur un fond noir auquel il a souvent recours. En 1944, son œuvre plonge totalement du côté de l’abstraction lyrique. La même année, l’artiste décroche un contrat avec le galeriste Louis Carré qui expose pour la premières fois ses œuvres abstraites en 1948[1].
Au début des années 1960, l’artiste « maîtrise totalement son expression abstraite[2]. » Couleur et matière sont au cœur de ses œuvres. Les couleurs, vives, répondent aux formes géométriques. Il juxtapose les couches de couleurs créant des effets de matière et d’empâtements. L’artiste parvient à créer, à sa manière, son propre « monde intérieur. » Il s’intéresse aussi à d’autres techniques et s’initie aux arts décoratifs. Il produit des tapisseries et des mosaïques, des collages mais illustre également des livres comme par exemple Le Journal d’un fou de Nikolai Gogol. Mais son talent se mesure également dans les grandes décorations qu’il a réalisées dans le cadre du 1% pour la faculté des sciences de Rennes. S’ensuivent de nombreuses expositions personnelles qui le révèlent en France et à l’étranger.
Alors que les débats entre figuration et abstraction animent la scène artistique d'après-guerre, au début des années 1950 l’art abstrait triomphe et occupe une place grandissante sur les cimaises des musées, dont le musée national d’art moderne. La collection, encore sans murs, destinée au musée du Havre s’accroît parallèlement et témoigne des préoccupations du conservateur d’accorder une large place aux artistes vivants. En 1953, Reynold Arnould achète une toile d’André Lanskoy : Description d’un monde intérieur. L’œuvre est achetée par l’intermédiaire de la galerie Louis Carré qui présentait son travail de peintre à la fin de l’année 1952 dans l’exposition Peintures 1925-1952[3]. Ce tableau fait partie de l’accrochage de l’exposition De Corot à nos jours au musée du Havre. Il est exposé sur une cimaise entre Feuilles et fruits sur fond orange de Léon Gischia et Les Deux femmes sur fond bleu de Fernand Léger. Bernard Dorival écrit ainsi dans la préface du catalogue :
« La base est constituée sur laquelle le conservateur et la ville pourront édifier le Musée futur. Celui de l’art vivant d’aujourd’hui et de demain. Et déjà plusieurs pierres en sont à pied d’œuvre, ouvrages de Villon, de Léger, de Lanskoy, de Pignon, de Manessier, de Gischia… Ce sont là autant de témoins et de gages d’une volonté, qui, j’en suis sûr, dans l’avenir se confirmera : ville moderne, ville active, Le Havre se doit d’aller, même en art, de l’avant[4]. »
Enfin Description d’un monde intérieur est exposé à l’occasion de la présentation des collections permanentes lors de l’inauguration du Musée-maison de la Culture du Havre, le 24 juin 1961[5].
[1] Après 1945, la galerie Louis Carré devient rapidement la galerie parisienne qui promeut, avec la galerie de France, la peinture abstraite de la Seconde école de Paris. En 1949 Louis Carré ouvre une autre galerie à New-York et organise, en 1950, l’exposition Advancing French Art qui réunit Bazaine, Estève, Hartung, Lanskoy, Lapicque et Staël.
Voir le catalogue d’exposition Lanskoy, un peintre Russe à Paris, exposition, Lille Métropole, Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut, 24 septembre 2011-15 janvier 2012.
[2] Catalogue de l’exposition Lanskoy à l’Espace arts plastiques, centre culturel de Villefranche-sur-Saône, p. 5.
[3] Catalogue d’exposition André Lanskoy peintures de 1944 à 1961, présentée à la galerie Louis Carré du 16 mai au 13 juillet 1990.
[4] Catalogue d’exposition De Corot à nos jours au musée du Havre, décembre 1953 – janvier 1954, introduction de Bernard Dorival, conservateur au Musée Nationale d’Art Moderne, introduction, p. 9.
[5] ARNOULD Reynold, Catalogue des œuvres appartenant aux collections de la Ville du Havre présentées à l’occasion de l’inauguration du Musée-Maison de la Culture 24 juin 1961, Le Havre, ancienne imprimerie Etaix.
Par Claire Rançon et Clémence Poivet-Ducroix, MuMa Le Havre
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